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Faunes & Flore
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Faunes & Flore
7 février 2014

Chronique d'un samedi ordinaire

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Chronique d'un samedi ordinaire en bibliothèque...
Deux à courir par manque de personnel vaillant. Les premiers frimas sont toujours meurtriers et gourmands en chair humaine.

Les deux survivantes s'agitent, rangent à tour de bras, répondent aux sollicitations un sourire professionnel aux lèvres.

Il y a comme d'habitude le pédophile sexagénaire tapi derrière les bacs à bandes dessinées qui surfe sur Facebook avec de jeunes roumaines abusant de la gratuité des services.

Il ...y a aussi l'emmerdeuse apprêtée qui a eu raison de son mari et vient de ce fait enquiquiner ces braves dames du service public. Sa réservation qui devait rentrer hier n'est TOUJOURS pas là à 10 h 10.
"Quand il s'agit d'aller réclamer les documents chez les arabes, vous ne vous pressez pas d'aller les demander".
Racisme affligeant, devenu ordinaire, gratuit. Tout le monde sait que les Arabes ne lisent pas....

Puis le cortège des parents affairés affublés de leurs enfants turbulents qui courent partout, dérangent tout, poussent les livres au fond des étagères.
Léger sourcil froncé et le leitmotiv " C'est pas gentil ça Edouard. Tu donnes du travail aux dames!" sans jamais lever l'auriculaire pour remettre les collections en place.

Bonjour, merci, au revoir. Y a plus rien sur votre carte. Non, c'est pas réservé, je vous le prolonge encore trois semaines. ca vous va ? Antienne répétée à l'envi, usée jusqu'à la trame.

"Les livres de cuisine, oui, je vous accompagne, c'est pas facile à trouver. Non tout ce qui concerne Noël est sorti. En même temps c'est un peu l'époque !" Le tout assorti du petit gloussement qui va bien avec.
Suivent les quatre demandes successives pour le prix Goncourt déjà réservé 28 fois. Cruelle désillusion de ces gentils lecteurs croyant être les premiers sur le rang, privés de cette lecture récente alors que le présentoir regorge de nouveautés certes moins médiatisées.

Pause déjeuner où la robe rouge émoustille vaguement les collègues masculins. Blagues sexistes un tantinet vulgaires entre deux bouchées de hachis Parmentier surgelé. Repas vite expédié.

Café avalé dehors où l'on s'enquiert de la santé du petit dernier grippé d'une collègue épuisée.

Retour dans un secteur vidé de ses occupants en attendant l'assaut final qui aura lieu vers 16 : 00 quand les affamés de lecture et les rêveurs se rendront compte qu'ils n'ont plus qu'une heure pour choisir leurs livres.

Vient maintenant l'ado oscillant entre timidité et agressivité qui soutient avoir vu le tome 18 d'une série de manga alors que le catalogue des éditeurs de France, référence ô combien incontestable, certifie que le tome 4 vient juste de paraître.
" Mais je l'ai vu en librairie. J'sais bien de quoi j'parle !". Il existe bien une filière parallèle de mangas apocryphes.
Mulder et Scully à la rescousse!

Discussion foot avec Francis, le bottinophile un peu ravi de la crèche. Match d'hier France-Ukraine
"Y vont pas aller au Brésil, tiens. Y a bien Memzéma qui joue à Madrid. Ils sont pas bons hein ?". La vérité sort de la bouche des enfants et des simples d'esprit.
Francis, la mascotte de l'établissement, doux illuminé, fidèle parmi les fidèles, qui fait son tour quotidien, demande des nouvelles de chacune  et alpague les lecteurs pour leur demander s'ils voyagent ou ont des amis à l'étranger. Collectionneur unique en son genre d'annuaires téléphoniques, analphabète et monomaniaque, heureux comme un gosse à Noël quand une personne affable se souvient de cette idée fixe lors d'une expédition lointaine.

Séquence fitness. Des allers- retours à la réserve, sorte de magasin sombre, mal rangé (un comble!) et poussiéreux où s'entassent tous les proscrits de la littérature que l'on ose pas jeter.
Demande de la trilogie de Mars de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel (rouge, verte, bleue) de Robinson, la Faim de Hamsun , la Métamorphose de la question sociale, un livre sur les sous-marins.

On descend et remonte les escaliers d'un pas vif sur la pointe des pieds en rentrant le ventre.
  Autant optimiser ses déplacements.

En point d'orgue, alors que l'on ne distingue même plus les visages des usagers tant ils se succèdent à la banque de retour des documents, voilà Josiane Melaibrysemenu qui arrive à 16 : 35 avec un panneau gigantesque jaune pétant digne de la pire MJC des années 70.
Activiste convaincue des épiceries solidaires, présente dans toutes les associations de la ville, protectrice de tous ces petits noirs malheureux de Kinshasa, elle vient s'enquérir de l'exposition qu'elle mettra en place la semaine prochaine dans le cadre de la Semaine internationale de la Solidarité.

Des files de lecteurs, quatre chariots plein à craquer et elle qui pérore ne comprend pas qu'il est urgent de briser là....

17 : 00.

Encore quelques étudiants rétifs, une geek qui ne veut pas lâcher Internet. La médiathèque se vide.
Les lumières sont éteintes, ultime avertissement pour les retardataires qui ne comprennent toujours pas que l'on est déjà fermé...

Un Samedi somme toute fort ordinaire.
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