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Faunes & Flore
5 février 2014

Café du matin (première partie)

"Demain-10 h 00- Torréfacteur près de la place Gambetta

Soyez brûlante, soyez mienne

Etonnez moi

Ne soyez pas en retard!"

D2686-1

 

Le message est tombé tout à l'heure alors que j'étais en train d'écouter d'une oreille distraite voire inerte mes condisciples de labeur  s'agitant piétrement dans leurs habits étriqués depuis le début de matinée. Chacun se sourit, s'écoute, prône des valeurs lisses et humanistes en se prenant à rêver d'une gloriole locale, envie la prestance de l'autre, le trait d'esprit de son ennemi, déteste sa voisine, méprise son voisin.

Chacun se veut l'initiateur de l'idée du siècle, veut briller, mendie de la reconnaissance. Chacun se jauge, s'épie, se compare, se rassure.

Et moi je les regarde s'ébrouer, prendre leur respiration, étrangère à leurs rêves, attentive à ne rien laisser paraître de mon véritable centre d'intérêt, celui qui à cloué mon existence de ses pointes impitoyables.

J'ai senti le téléphone vibrer dans mon sac à main et je sais que c'est Vous. Mon souflle va me trahir. J'ai le coeur qui galope. Je ne peux  décemment  prendre immédiatement connaissance du message. Vous allez m'en vouloir; je vais Vous déplaire et rien ne me chagrinerait plus que de Vous faire attendre.

C'est à moi de le faire et je m'en voudrais d'inverser les rôles ne fusse que pour une dizaine de minutes.

Mais j'aime aussi savoir que Vos instructions pressantes gisent dans le secret de mon sac et l'obligation de rester immobile me conforte dans mon envie de me ruer sur mon écran, de faire apparaître la petite enveloppe et de lire vos mots.

On lève la séance pour une pause. Je me lève en toute hâte, me jette dans la rue avec mon gobelet de café en Vous lisant, le feu aux joues.

Demain ? Impossible.Je ne peux pas me libérer aussi vite. Vous exagèrez . Vous savez que je travaille tout de même. Vous croyez que c'est facile? Que je peux prendre des jours de congés quand Vous claquez des doigts ?

A moins que....Oui. Vous le faites exprès. Vous me mettez à l'épreuve. Si je ne peux trouver une excuse pour Vous retrouver, je ne pourrais jamais dépasser mes limites, Vous offrir ce que seul Vous méritez.

Quatre ordres consécutifs. Incandescente, Vôtre, inventive,ponctuelle.

Je ne sais que peu de chose de Vous en fait. Nous avons parlé par écrans interposés,nous avons échangé sur divers sujets, badiné, trouvé des centres d'intérêt similaires. Nous nous sommes guettés, espionnés, avons refusé cette attirance diabolique avant d'accepter l'évidence.

Vous me vouliez, je Vous désirais. Une valse de déni, d'espoirs et la crainte légitime d'être déçus, le besoin de preuves quotidiennes, le refus d'une affection banale. Une relation sans visage et pourtant si réelle, sans fards.

Je ne voulais pas d'un simple amant. Les occasions ne manquaient pas mais je ne voulais pas être dégoûtée de moi-même.

Rechausser mes escarpins au petit matin pour marcher sur les quais, retendre mes bas fripés, mouiller ma bouche mordue par un inconnu, écoeurée de mes agissements, frustrée et insatisfaite. En attendant le prochain....

Ne vouloir que la fulgurance, être foudroyé par Votre beauté d'âme, vouloir Vous servir.

Vivre pour Vous, être torturée et aimer le supplice de Votre main sur ma peau.

Vous laisser m'entraver, Vous laisser me posséder,ne plus prendre de décisions, redevenir la petite fille qui écoute son père.

Un poison inoculé chaque jour qui me rendait toujours plus dépendante, toujours plus amoureuse.

Soyez brûlante, soyez mienne

Etonnez moi

Vaste programme qui me laissait dans l'expectative.

Qu'allais-pouvoir inventer de plus que d'aller Vous voir dans mes atours de poule que Vous aimez tant ?

Des bas de soie que je gardais pour Vous achetés un jour où j'avais tant envie de Vous, le serre-taille arachnéen qui Vous fera sourire, les hauts talons que je porte très rarement.

Je ne porterai rien d'autre pour voir Vos lèvres se pincer, Vos prunelles se dilater quand Vos doigts ne rencontreront pas le tissu de la lingerie que Vous croirez toucher.

 

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