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Faunes & Flore
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Faunes & Flore
8 janvier 2013

Promenons-nous dans les bois: Chapitre VIII- Partie 3

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Peine perdue. Il avait bien calculé son itinéraire et il m’avait abandonné au cœur d’une pinède touffue et isolée. Je ne retrouvai pas les grands axes routiers et continuait à progresser sur des sentiers obscurs.

Le froid me transperçait les os et je marchais sans cesse droit devant moi, trébuchant et pleurnichant.

 

Vaincue par la fatigue, je me résolvais à attendre l’aube sous le couvert des arbres. Peut-être pourrais-je davantage trouver mon chemin quand le jour se serait levé ? Qu’allais-je faire alors ? Du stop ? Marcher jusqu’à épuisement par les chemins de traverse ? Allais-je dénoncer la cruauté d’Antoine en portant plainte contre lui ? N’allais-je pas m’exposer à davantage de réprimande, davantage d’humiliation ? Où la malignité de cet homme allait s’arrêter ?

Qu’était donc devenue ma vie depuis que j’avais croisé le regard de cet aristocrate pervers et malade ? J‘avais été punie dans ma chair et j’avais honte de ne pas me révolter davantage, d’accepter ainsi ce rabaissement comme un état normal. Fréquenter cet homme exceptionnel devait-il signifier accepter avec servitude toute torture physique et mentale qui pourrait germer de son esprit tourmenté?

Une chose était sûre. Notre brève histoire était définitivement close. Je pleurai doucement sur cet amour défunt.

La nuit était vraiment très sombre et glacée. Pas la moindre trace d’aurore dans le ciel hivernal et je désespérais de voir le jour suivant.

J’avais passé ma journée à grelotter. Ce matin, ligotée sous la pluie, ce soir dans la mer et à présent cernée par la brume et couverte de rosée. Je rassemblai mes membres contre moi pour contrôler les frissons involontaires et songeai défaite aux prochaines fêtes, à mon existence si réglée et si banale que j’avais quittée il ya avait à peine 24 heures. Allait-on me retrouver inanimée, sans vie dans quelques jours, dévorée et décomposée ? Aurais-je le bonheur de vivre l’année suivante ? Pourrais-je partager le réveillon comme d’habitude dans la chaleur de la maison familiale ou allais-je perdre la raison ?

 

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J’étais perdue dans mes pensées, ma température corporelle baissait dangereusement et j’aspirai désormais au repos. Mon cœur ralentissait et j’étais prise de nausées.

Je gémissais faiblement en répétant inlassablement le prénom de mon amant tortionnaire.

Des craquements de branchages à mes côtes m’alertèrent et j’entendis des voix masculines toutes proches et des faisceaux tremblotants. Je me redressai folle d’espoir. J’allais pouvoir rentrer chez moi. Il suffisait de me manifester à ces hommes.

« Tu crois qu’elle s’est cachée par-là, la petite salope de Wolfenstein ? D’après son dernier coup de fil, il l’aurait largué dans le coin et elle devrait rôder dans les parages » s’exclama vulgairement un homme tout près de moi

« Vu qu’on a toute latitude pour la ramener, on va pas trop se priver avant de la lui rendre. Qu’est-ce que tu en penses ? »

 

C’était de moi dont parlaient ses hommes  en termes fort peu élogieux. Je renonçai immédiatement à me faire connaître et tel un gibier aux abois me tapit davantage dans les aiguilles de pin, soucieuse de ne plus bouger et de les laisser s’éloigner. Ils dépassèrent l’arbre derrière lequel je m’étais réfugiée et où je n’osai respirer, épouvantée par le sort qui m’attendait.

Non content de m’avoir jetée sur le bord de la route, Antoine me livrait sciemment à ses sbires et telle une prise de guerre, j’allais subir les pires outrages dans cette nuit minérale de décembre.

 

Prise de panique, je  rassemblai mes dernières forces pour courir désespérément, pour échapper à mes tourmenteurs.

Aussitôt échappée du couvert des arbres, je fus prise en chasse par ces  deux hommes entraînés qui poussaient des glapissements de bonheur, excités par la chasse inespérée.

Je fuyais, fuyais droit devant comme un lapin de garenne apeuré, me cognant dans des branches, m’égratignant sur des arbustes épineux, tombant parfois lourdement dans le gravier du sentier.

Les poumons en feu, extenuée, je courrai sans fin regardant les troncs des résineux défiler. Derrière moi, le souffle de mes poursuivants se rapprochait dangereusement.

Je fus plaquée au sol par l’un d’eux et chuta violemment au sol, le visage dans la poussière. Aussitôt, le second s’asseyait lourdement sur mes reins m’emprisonnant les mains dans le dos, la torche tenue en bouche.

 

« Alors sale traînée ! Tu croyais nous échapper » rugit une voix. Je les sentais alors remonter fébrilement mes manches pour dévoiler mes poignets prisonniers.

 

-  Regarde, c’est bien elle ! Elle porte la marque de la Compagnie !

-  Alors comme ça tu t’es laissé brûler par Wolfenstein ! Tu en as de la chance petite pute. Je dois bien avouer que lui aussi en a de la chance. Tu es un beau brin de fille et je pense que nous allons bien nous régaler» railla un de mes assaillants en me couchant sur le dos.

 

Dans la lumière du bouquet torches posées à terre, je ne distinguai que deux silhouettes massives et tendues par l’effort, vêtues de noir.

Seuls leurs visages masqués luisaient, faiblement éclairés par la maigre lumière des maglights. Un goupil ironique et un petit cochon débonnaire me fixaient avec une lubricité plastique.

 

« Et si on mettait un peu de musique ? » s’esclaffa le renard en sortant son portable de la poche. Les premières notes du disco Get down on it éclatèrent dans le silence nocturne alors l’homme masqué en cochon baissait déjà mon jean.

 

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Commentaires
K
Le moment "action" du film ;-) Et quelle cruauté ! En plus on s'imagine très bien la scène, d'autant plus avec une bande son (très bon choix soit dit en passant) ;-) Vraiment haletant ...
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E
Voici encore un chapitre où vous nous transportez de surprise en surprise !<br /> <br /> Vous nous laissez dans l'expectative : que va-t-il se passer ? Nous comptons sur vous chère auteur pour donner une issue "convenable" a ce chaperon : le loup serait certainement jaloux du contraire ;)<br /> <br /> J'ai hâte de lire la suite !
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E
Voici encore un chapitre où vous nous transportez de surprise en surprise !<br /> <br /> Vous nous laissez dans l'expectative : que va-t-il se passer ? Nous comptons sur vous chère auteur pour donner une issue "convenable" a ce chaperon : le loup serait certainement jaloux du contraire ;)<br /> <br /> J'ai hâte de lire la suite !
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