Impressions soleil mourant

Dans le tram devenu atelier d'écriture annexe. Partie pour la sortie hebdomadaire.

Les enfants ont été parqués à l'école. Parfois la cantine et l'enseignement obligatoire ont du bon.

Vous avouez vous en débarrasser avec un voile de remords. Mais il s'envole bien vite, ne dure jamais.

Début de l'an 2014.

Et tous ces signes d'altération physique qui s'accumulent. Les personnes de votre entourage qui s'appliquent à vous le rappeller. Simple question de sagesse vous dit-on !

Le corps n'est aussi magnifique, demande davantage de camouflage. Vous guettez les signes de déliquescence, souriez et continuez à vous mentir.

Mais votre corps crie famine. Vous refusez d'abdiquer. Pas encore. Vous suppliez Dieu, les anges ou les sbires du Malin de vous octroyer une remise de peine.

Vous ne voulez pas vous enfermer, accepter de laisser la place. Les autres piaffent, veulent vous pousser dans l'oubli, vous enterrer, aspirent à leur heure de gloire.

Mais vous n'avez pas assez vécu, pas assez fait jouir votre pauvre corps.

Comment avez-vous pu vous tromper à ce point ? Ne rien avoir vu venir? Etre aussi naïve alors que vous lisiez à longueur de pages ces mêmes cris désespérés?

C'était bien l'arrogance de la jeunesse, la conviction que la corruption des sentiments et des corps ne vous affecterait pas.

Vous étiez persuadée que le fait de se couler dans le moule édicté par la société allait vous accomplir.

Las!

Avoir des enfants vous a plu sur le moment mais n'a jamais satisfait votre besoin d'absolu.

Vous avez vaillement rempli votre devoir de mère parfaite, aidé vos enfants à grandir, peut être à s'accomplir toujours avec une certaine réserve, une distance critique.

Vous n'avez pas le droit de vous plaindre.

Les enfants sont le plus beau cadeau du monde, l'apothéose dans la vie d'une femme. Du rêve en barres vendu au plus crédule. Un don du ciel que beaucoup aimerait avoir.

Vous n'avez pas le droit de vous plaindre.

Vous avez donc regardé vos poupons se métamorphoser sous votre loupe d'entomologiste. Vous leur avez inculqué votre amour des arts, essayé de les rendre cultivés.

Mais vous vous êtes toujours sentie en marge, incapable d'être en osmose. De vous satisfaire de ce bonheur quiet.

Vous rêvez de fureur, de ravissement des sens et de l'esprit.

Tout vous semble médiocre, atone, convenu.

Certes vous avancez quotidiennement, attachée à remplir scrupuleusement vos journées du mieux que vous pouvez. Corvées diverses, succession de petits évènements qui font passer le temps, réunions, cafés, discussions...Ecartelée entre ce qu'il faut faire et ce que vous aimeriez faire

Et vous regardez les jours défiler, les mois.

Vous venez de vous lever et déjà vous éteignez la lumière pour vous endormir.

Vous attendez. Mais quoi ?

L'âge marque irrémédiablement votre peau chaque jour davantage. Vous n'avez plus le temps d'attendre.

Que voulez vous en fait ?

Si vous le saviez seulement vous même, peut-être pourriez-vous entrevoir un lambeau de ce bonheur que vous pressentez si proche  ?