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Faunes & Flore
30 mars 2015

Derrière la porte...

Derniers instants de liberté, de femme consciente, pensante, de personne raisonnable et sans attaches.

Elle peut encore reculer, inventer un prétexte, s'enfuir sans un mot, recouvrir son allure impeccable d'épouse modèle, ne pas succomber, rester aride, sans autre vie que celle qu'on attend d'elle, juste bonne à servir son foyer.

Elle respire plus fort, cachée comme une souris apeurée dans ce couloir anonyme, partagée entre cette envie entêtante et la raison qui lui hurle de renoncer, de ne pas devenir comme les autres.

Il est derrière cette porte. A l'heure. Pareil à lui même. Seigneurial, calme et moqueur.

Il reste un mystère bien qu'elle le connaisse, qu'il l'ait accompagné tant de journées, ait lu ses fantasmes les plus obscurs. Elle est fière d'appartenir depuis peu à cette zone d'ombre qu'elle alimente.

Elle va le voir en chair pour la première fois et tremble bien qu'elle sache le reconnaître. Elle va reconstituer à mains nues le puzzle qui lui a envoyé avec parcimonie, humer sa peau, entendre ses ordres gronder à son oreille. Elle va poser ses lèvres sur son torse, s'emparer de sa langue habile, mordre cette bouche ironique qui s'est tant moquée d'elle, laisser ses prunelles noires la scruter. Elle va le laisser prendre son corps en conquérant, en tortionnaire. S'ouvrir indécente et affolante, gémissante et déchirée. Fendue au plus moelleux, crucifiée, clouée.

Se donner et se rendre à son éducateur, ce précepteur qui lui apprend à appréhender le monde autrement, à s'oublier, à devenir son objet dédié, sa chose comme il aime à le répéter, un truc sans foi ni loi, un bidule dôté de vie et obéissant.

Elle accepte son courroux sensuel, sa violence impudique, son besoin de la pétrir et de lui faire mal, sa brutalité en demi teinte.

Elle a fait des kilomètres pour sentir ses mains l'étouffer, la ceinturer jusqu'à la nausée, la couvrir de ses marques possessives, l'orner de fleurs de cire.

Des kilomètres pour être sienne, lui confier ses quelques respirations hésitantes, le battement accéleré de son coeur apeuré.

Elle s'enorgueillit de lui plaire, de lui offrir ce dont il a besoin.

Il est là derrière cette huisserie, puissant et attentif, sûrement en proie aux mêmes interrogations.

Ils ont rêvé ensemble bon nombre d'histoires torrides, se dévorant , se prenant mutuellement avec une voracité brusque, souvent abasourdis par leur propre désir, par cette appétence croissante et leur attirance avide.

Un geste, un mot de trop et le charme risque d'être rompu, indigent et dégonflé.

Elle ne veut pas croire à l'échec, doit le remercier pour ces heures étoilées de sueur et d'étourdissement; elle se racle la gorge, pousse le bois de la porte, se lance dans l'inconnu.

Il se retourne et la regarde intensément. Elle lui sourit et s'avance.

L'histoire peut commencer.

 

sans-titre (9)

 

 

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