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Faunes & Flore
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Faunes & Flore
13 janvier 2013

Who's afraid of Red Riding Hood ? Chapitre IX- Partie 2

Nous regagnâmes rapidement la route nationale avant de prendre la direction de Bordeaux. L’aube que j’avais tant priée, tant attendue luisait à l’horizon et de grandes étendues cultivées succédaient aux pinèdes exécrées. Je fermais les yeux de contentement, attentive au bien-être qui gagnait mes membres fourbus.

 

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Je décidai de rompre le silence embarrassé qui s’était installé durablement entre nous

« Merci. Merci de m’avoir tiré des griffes de ces affreux types ! Merci encore… » 

 

Antoine quitta un instant la route du regard pour me scruter.

 

« Mais de quoi peux-tu bien me remercier ? De te traiter comme la pire des filles que j’ai connu ? De te torturer et d’en éprouver du plaisir et même un plaisir malsain ? Merci de t’abandonner aux mains de  soudards de la pire espèce à qui j’ai bien fait de ne pas me fier ? J’en tremble de colère contre eux et contre moi .Je ne voulais que mater ton insoumission en t’ébranlant psychologiquement.

Jamais je n’ai voulu qu’ils te touchent et pire te violent.

C’est mon strict apanage et je ne le concèderais à personne.

 

Tu es pour moi comme une énigme depuis que je t’ai forcée sur ce capot de voiture. J’aurais aimé jouir de ta chair comme je le fais depuis des années avec toutes ces femmes sans visage que je consomme sans vergogne et oublier jusqu’aux rapports que nous avons eu ensemble.

 

Mais j’ai de nos coucheries singulières un souvenir accru, une acuité singulière que je n’ai jamais connue. Je vois partout ton visage, tes hanches m’obsèdent et j’ai une envie furieuse de te posséder violemment en permanence.

 

Je suis parti ce matin en secret pour rassembler mes esprits, tâcher d’oublier ton sourire mutin, ta confiance enfantine, l’espoir irraisonné que je lis dans tes prunelles qui m’agacent et me troublent Tu es entière, vibrante, passionnée et si vivante.

 

J’ai si peur de m’attacher à toi car je ne peux concevoir mon existence avec une femme à mes basques même avilie et prête à m’obéir en tout.

Ma proposition de quinzaine était conçue surtout comme un contrat tacite d’amour charnel sans condition où tu jouais en toute conscience la soumise au grand méchant prédateur sexuel que je suis.

Je voulais te concocter un programme de fêtes, de réceptions étincelantes, de rencontres irréelles et profiter de ton corps sans limites en jouissant du privilège d’être ton maître et initiateur. Du plaisir, de la luxure avec un rien de débauche sadique….

 

Rien ne s’est déroulé comme prévu. Tu m’échappes sans cesse, retrouvant toujours un semblant de dignité, ta mine d’écolière prise en faute ou réagissant comme une héroïne de roman victorien. Ton bain de minuit à la mode Brontë en témoigne.

 

Je suis sans cesse partagé entre le besoin de te punir, de meurtrir ton corps si tendre, de t’imposer ma loi, ma volonté, d’écraser toute velléité de contestation et mon désir de te protéger, de me sentir indispensable, de te prendre tout simplement contre moi et de te voir te cramponner, te voir rougir et bafouiller.

 

Ressentir ce que l’on nomme couramment de la tendresse m’est insupportable et c’est pour moi trop nouveau, inédit, douloureux.

 

Te voir souffrir, te ligoter, te brûler, crier, implorer m’excite terriblement et désormais un sentiment nouveau de retenue et de respect m’habite et m’empêche de profiter pleinement de ta détresse.

 

Et c’est moi qui prends peur de ma faiblesse. Je voulais te mettre dans mon lit et ne faire de toi que ma maîtresse, Clara.

Une maîtresse exclusive que j’aurais pu modeler et posséder à mon aise. Rien de plus…

 

-Mais je pense qu’il n’y a rien de plus. Rassure-toi, Antoine. Si tu me parles d’amour, je vais moi aussi prendre peur.

 Il n’en a jamais été question entre nous et je ne pense pas devenir pour toi un fardeau.

 

Si tu veux mettre un terme à notre accord, il suffit de l’énoncer clairement et tu peux repartir à tes sorties nocturnes habituelles avec tes compagnes stylées et compatissantes. Tu n’es pas obligé de me faire une grande déclaration ni de m’épargner sentimentalement. Je survivrai…» rétorquai-je, frissonnant de colère. »J’aimerai simplement rentrer maintenant, dormir...ou mieux avaler quelque chose avec toi avant que nos chemins se séparent.

 

 Ne t’amuse pas à présent de faire de la torture psychologique en me berçant d’illusions, en me faisant croire que moi, la pauvre étudiante, je peux compter un seul instant à tes yeux de nanti. Tu deviens affectueux et ça ne te va pas… »

 

Antoine poussa un soupir sonore, se mordit nerveusement la lèvre inférieure, lâcha son levier de vitesse pour promener sa main sur ma cuisse.

 

Méfiante et prudente, je regardai cette main qui m’avait ligotée caresser ma peau et je la saisis soudain pour la baiser avec déférence et amertume. Il me laissa  faire en ralentissant sa conduite.

 

« Attends une seconde » bredouilla-t-il en se garant sur le bas-côté et serrant le frein à main.

 

 L’œil brûlant, la mâchoire contractée et ces délicieuses mèches en bataille, il se rua sur moi pour m’embrasser férocement.

 

Il m’avait attrapé le visage de ses deux mains, me soulevai de mon siège et m’étouffait avec sa langue intrusive. Je suffoquais et j’en étais ravie, lui rendant son baiser avec toute l’ardeur dont j’étais capable. J’enroulais ma langue autour de la sienne, caressai son palais et avalais sa salive avec un plaisir non dissimulé.

Il gémissait de contentement, ébouriffé, galvanisé par la passion qu’il imprimait à son baiser et ne semblait pas se lasser. Il m’embrassait comme s’il voulait m’engloutir, goulûment et plantureusement. Je le repoussai doucement pour reprendre mon souffle et le regarder. Il me souriait doucement, tristement, d’un sourire penaud, pris en défaut, cherchant à dissimuler maladroitement ses erreurs.

Ce fut moi alors qui repris sa bouche, bouleversée par ce visage tourmenté qui s’interrogeait, ravagé par l‘exaltation et qui tira frivolement sur sa lèvre inférieure avant de m’abîmer dans un baiser plus grave.

Je riais, le conjurai d’arrêter pour respirer.

 D’un index amusé, il me souleva le menton avant de poser un dernier baiser chaste et d’ajouter : « Mademoiselle n’a pas parlé d’un petit-déjeuner ? »

Je battais des mains et me souvins que j’étais dans le plus simple appareil sous ma couverture de survie, sale et couverte de bleus et d’estafilades.

Antoine comprit ma gêne, me caressa les cheveux et dit : « Je te ramène chez toi pour que tu t’habilles et je t’emmène prendre un café en ville ».

Je me réjouissais de ce moment d’accalmie, de cette gentillesse suspecte mais si jubilatoire.

 J’étais aux côtés de l’homme le plus beau de mon existence, raffiné et cultivé et cet homme m’avait choisie comme compagne pour une quinzaine de jours.

Loin d’être indifférent, il m’avait avoué tout à l’heure de façon alambiquée et angoissée avoir un penchant pour moi, la Clara grise et insignifiante. Il m’avait fait souffrir, m’avait terrorisée et m’avait fait abandonner mes principes vertueux mais j’étais fière d’hanter son esprit pervers et cette pensée me fit sourire.

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Commentaires
K
De jolies déclarations des deux côtés. On serait presque tenté de dire "tout est bien qui finit bien". Mais, car il y a sûrement un mais ...
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E
Le chaperon aurait-il au moins pour partie apprivoisé le grand méchant loup ???
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Faunes & Flore
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