Proposition malhonnête : Chapitre III- Partie 3
Trafiquants de retables et de toiles de maîtres sur fond de forêt Noire où s’était établi définitivement le patriarche.
Une mention d’une sœur plus jeune et celle d’Antoine âgé de 38 ans, connu comme prestataire de services haut de gamme. Pas l’ombre de divorce ou d’épouse officielle. Antoine le prédateur se contentait de collectionner les conquêtes et devait posséder à ce jour un album conséquent de midinettes éplorées, abandonnées. J’étais la prochaine victime du Don Juan et bientôt Leporello me compterait comme la 1004 séduite à lui céder.
Peu m’importait, je n’avais plus aucune fierté, plus aucune velléité d’autonomie, de militantisme féministe. Comme la plus dépravée des courtisanes, j’acceptai de toute mon âme d’appartenir à cet homme quoiqu’il exige de moi et de mon corps. Et ce sans qu’il m’ait touché encore une fois. Certes, je n’avais pas à attendre bien longtemps mais je ne me reconnaissais pas. La honte de me sentir aussi volage, si loin de ce que je préconisais habituellement me procurait une joie secrète, un sentiment d’humiliation jouissif et j’appelai de mes vœux la déprédation, la souillure, la violence que j’entrevoyais dans les propos du noble Wolfenstein.
Etait-ce l’attrait de l’interdit, le jeu traditionnel du chat et de la souris qui court à sa perte, l’envie d’être prise comme une fille des rues, la certitude que j’allais apprécier dans ma chair torturée les talents érotiques d’Antoine voire l’implorer de me maltraiter davantage, de me forcer ?
Clara, Clara, tu perds la tête. Réveille-toi. Tu en demandes beaucoup trop ! Tu te feras trousser ce soir à n’en pas douter par cet athlète précieux, baiser sans manières par ce libertin présomptueux et au petit matin,fourbus et déçus, nos existences reprendront leur cours normal.
On sonna alors à la porte. Un coursier impassible se présentait avec un colis anonyme. Un paquet d’Antoine qui jouait au grand seigneur envoyant comme dans les pires romans à l’eau de rose des présents de prix afin d’amadouer sa proie.
Un petit coffret en cuir sombre joliment surpiqué de beige cachait en son sein un flacon de parfum précieux de la maison parisienne Lutens. Une bouteille ventrue au nom évocateur de Tubéreuse criminelle. Jus ambré, parfum de luxe non distribué dans les enseignes classiques. Un ruban de soie rouge similaire à celui vu hier sur son site le ceinturait accompagné d’une carte de visite avec quelques mots griffonnés à la plume bleue
« Ce soir, 20 h 00 précises, devant la Fontaine des Girondins. »