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Faunes & Flore
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Faunes & Flore
7 octobre 2014

Le goût : Léa & le loup (troisième partie)

La jolie voiture file dans la nuit. Léa est incapable de donner la marque et encore moins le modèle. Il s'agit juste d'une belle automobile noire, de celles dont abusent les personnes bien nées. Elle sera donc incapable d'en parler demain aux copines. Elle devra omettre ce détail dont elles sont pourtant si friandes. Sortir avec un homme racé, de surcroît riche redore indéniablement un blason un peu pâlot, une réputation de fille perdue.

Léa regarde distraitement par la fenêtre. Il ne semble pas décidé à vouloir converser.

Cela lui convient. Elle essaie juste d'accumuler des souvenirs, des éclairs de plaisir, d' essayer vaguement de se souvenir du trajet, des panneaux, des villages traversés.

Une route désormais à peine bitumée qui écorche une forêt de sapins noirs rectilignes.

Plus de lumière artificielle, du noir partout, des ombres qui sursautent sous le faisceau implacable des phares, des yeux apeurés, aveuglés. Le petit monde sylvestre retrouve son calme sitôt les vrombissements du moteur éloigné. De la brume frôle et engloutit la voiture. Un univers inquiétant, carnivore est tapi au dehors, aux aguets. Léa se pelotonne, s'interroge et s'impatiente.

 

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"C'est encore loin? " ose-t-elle demander d'une voix qu'elle veut ennuyée. 

"Nous sommes arrivés. J'ai hérité d'un bois assez imposant et ma fermette se trouve à l'autre bout. A l'écart de tout, je suis désolé!" dit-il en ne quittant pas le chemin des yeux.

Léa s'agite sur son siège, moins fanfaronne qu'à la sortie du restaurant. La magie de l'instant s'est envolée; sa bonne humeur s'est évanouie. La belle soirée n'est pas aussi enchanteresse que prévue. Impossible d'attraper son portable pour vérifier s'il y a du réseau sans paraître méfiante.  Son compagnon va sûrement arracher son masque et la déchiqueter sans réfléchir.

Dans la lumière des phares se dessine une coquette maison en bois avec de jolis volets. Une maisonnette de contes de fées, d'une propreté incongrue et d'une joliesse trompeuse.

Le temps de fermer les portes de la voiture, d'ouvrir celle de l'entrée peu abritée, les voilà frigorifiés à l'intérieur. Le Propriétaire allume l'interrupteur.

Léa ouvre de grands yeux, scrutant en tout sens la pièce principale. Un méli-mélo de plats divers, de pièces montées, de rôtis, de confiseries lustrées, de coupes surchargées de fruits charnus occupe presque tout l'espace. Une mise en scène parfaite féérique et gourmande à souhait. Tout est agencé avec un goût parfait, la vaisselle hétéroclite ne jurant en rien avec les teintes fanées des nappes et des dessertes bien cirées.

Un monde rassurant, accueillant et gastronomique.

Léa plisse les yeux d'envie. Son ventre gargouille. Elle se réjouit du festin à venir. Elle voudrait se jeter sans attendre sur ce buffet si tentant mais n'ose avancer la main de paraître vorace, impolie, gloutonne.

L'homme l'observe comme s'il devinait ses conflits intérieurs. Il esquisse un sourire satisfait, la dévisage un moment, attendant qu'elle réagisse.

"Que pensez-vous de mon pavillon des plaisirs, Léa ? Un petit cocon de gourmandise éveillée, une antre de débauche raffinée, qui aide à contenter le corps et permet à l'esprit de s'élever, de frôler la plénitude.

Vous avez accepté mon invitation à partager le dessert, vous êtes désormais mon invitée que je vais retenir prisonnière. Je vous séquestre contre votre gré en ces lieux dès ce soir. Sans vous laisser le loisir de contester, de refuser. Je ne vous laisse pas le choix.

Je vais faire de vous une esclave docile et aimante. J'ai pour vous des projets exigeants mais que je sais réalisable depuis ce soir, depuis le moment où je vous ai vu debout devant moi.

Vous êtes celle qui va ensorceler mon quotidien, sublimer mon réel, être capable de subir pour satisfaire mes pulsions perverses. Je vais me délecter de votre peine, de vos combats, de vos efforts, de votre faim perpétuelle.

Vous allez incarner cette femme gourmande à qui je vais interdire la nourriture, que je vais fatalement punir et devoir consoler.

Vous devenez ce soir ma Gretel, celle qui a récolté tous les petits cailloux blancs, ceux qui la ramèneront un jour au foyer douillet et rassurant. Je suis Le loup qui va vous mettre en cage mais non pour vous engraisser.

J'ai rassemblé pour vous les mets qui vous ravissent le plus. Vous vous souvenez ? Je vous ai largement interrogé dessus lors de nos échanges. Tous ces plats sont mitonnés, les pains pétris par les plus compétents des artisans de la région.

Contre rétribution substantielle et demande d'anonymat, ces derniers viendront en toute discrétion remplacer les plats tous les deux jours, remettre un peu d'ordre dans l'agencement proposé et créer de nouvelles envies. Vous serez à ce moment encagée à côté.

Vous serez ainsi tentée en permanence, toujours sur le fil du rasoir, oscillant entre la satisfaction immédiate de son envie et celle de m'obéir.

Car je veux faire de vous, Léa, un modèle de maîtrise dont on se souviendra dans les chansons de geste, une figure légendaire enviée de tous.

Je sais ton irrésistible penchant pour la nourriture. Oui je te tutoie à présent car tu deviens mienne. Profondément, intégralement.

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Ton corps parle pour toi. Tes cuisses grasses, les plis adipeux de ton ventre, ton menton épais, le flasque de tes bras te trahissent. Tu le détestes d'ailleurs autant que moi mais tu ne sais pas te raisonner. Du moins pas toute seule. Je suis ton ange roux qui va te confronter à tes démons.

Je te laisse ce soir t'empiffrer une dernière fois. Je te regarde manger, prendre du plaisir avant de te faire découvrir rudement ce dont ton corps ne pourra plus jamais se passer.

Cette maison est bien entendue sous video surveillance. Du matériel très perfectionné, indétectable. Chacun de tes gestes sera épié, analysé.

En cas de bouchées subtilisées, de larçins intempestifs, de picorages ou grignotages, je viendra te châtier. je ne tolèrerai pas la moindre incartade.

Je saurais être extrêmement cruel et j'insiste fermement sur ce point. Comme je me réjouis déjà d'être ton tortionnaire. Ce corps masqué, camouflé par cette chair débordante et pénitente ne demande qu'à être libérée.

Sers-toi et largement. Gave-toi même. Je ferme les yeux ce soir. Ta peine sera un temps soulagée.. Tu y songeras quand les affres de la faim se feront sentir les prochains jours.

A chaque renoncement de ta part, chaque geste pour te raisonner, chaque initiative pour accepter mon joug sera récompensé par un repas complet que je partagerai avec toi, voire que je te donnerai.

Tu vas m'offrir ton renoncement à la gourmandise, ta lutte pied à pied pour te contrôler, ton enveloppe charnelle qui va se transformer, se métamorphoser. Tu es belle Léa, tu seras superbe. Tu vas devenir la femme dont j'ai toujours rêvé, élégante, intelligente et capable de prouesses privées, étonnantes.

Vas-y Léa, vas te servir. Tu n'auras pas deux fois cette occasion" achève t-il dans un souffle.

Léa s'avance , attrape une assiette désespérément, exténuée et rompue sans avoir combattu.

" Tu auras quinze jours pour faire tes preuves, t'adapter, faire preuve de bonne volonté. Quinze malheureuses journées, si courtes dans l'odyssée d'une vie, si longues quand on doit endurer le supplice de Tantale. Je m'occupe du volet matériel. Ton employeur à contacter, la boîte à lettres à relever, satisfaire la curiosité des copines, le chat à nourrir...

Tant de plats délicats, aussi savoureux, aux fragrances aussi délectables à portée de bouche et ne pouvoir en déguster un morceau.

Que ces journées vont être longues pour toi chère Léa. Je ne viendrai que si tu en émets le désir, je ne pourrai te distraire que d'une seule maniére. Et tu as très bien compris l'allusion...

 

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Tu n'auras pour te distraire que la musique, la télévision, des livres, des tenues toutes aussi séduisantes les unes que les autres que j'aimerais te voir porter.

Aucun moyen de communiquer avec l'extérieur. Je vais réquisitionner de ce pas ton téléphone.

Si ta soumission me sied, je te rendrai alors ta liberté si tel est ton désir. Mais j'ose escompter que le venin que j'aurai su instiller t'aura paralysée et que tu voudras rester à mes côtés. A jamais. 

Tu m'inspires. Ta candeur est pour moi comme un canevas vierge où je n'ai plus qu'à broder des petits points de servitude à grandes aiguillées".

Il se tait maintenant l'invitant à se servir. Léa reste interdite, choquée par l'annonce de sa mise à l'isolement. Elle devient la claustrée, emmurée dans cet univers de victuailles. Elle voudrait refuser, hurler, se défendre mais elle se tait vicieusement flattée de devenir aussi importante. L'envie folle de lui la reprend. Elle se sait moite, effrayée et concuspicente, incapable de dissimuler l'excitation du défi dans ses yeux et entre ses jambes qui se serrent pathétiquement.

Elle le frôle, retrousse sa robe et indécemment se penche pour le provoquer, le sentir grandir rapidement. Il la tient contre lui avec passion, accroché à sa poitrine comme un possédé, se lovant contre ses fesses rebondies. Elle accompagne ses mouvements lascifs, soupire doucement, implore la saillie salvatrice.

Son tyran ravi la quitte un instant, dégage d'un grand mouvement les plats de la table pour libérer de la place.

Aussitôt Léa est mise à plat ventre sur les tréteaux, prise sauvagement par cet homme qui n'attend plus et se sert, pétri sa chair. Sa robe, ses dessous sont déchirés, son dos dénudé parsemé de miettes de meringues roses écrasées. Un nouveau chemin éphémère de cailloux hérissés et sucrés que son amant s'empresse de lécher, de faire disparaître. Léa ne se contient plus, s'exhibe, supplie qu'il vienne en elle.

Un éperon raide la transperce et l'apaise. Un aiguillon palpitant qui s'engouffre en elle violemment pour s'éloigner et la rejoindre aussitôt dans un ballet séculaire, lubrique et fruste qui la rassure et la fait crier.

Une agressivité qu'elle désire, une tempête âpre, un déchaînement sensuel qu'elle n'espérait pas aussi véhément et qui la mène à une jouissance bruyante et primale.

Léa a gagné la première bataille....Reste à dominer sa faim, réussir à correspondre aux désirs obscurs de son prince de contes de fées.

 

 

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C
Votre récit m'évoque à la fois Truismes de Marie Darrieussecq et un ancien fantasme d'adolescent que j'avais ... de jolies reminiscences
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