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Faunes & Flore
18 janvier 2013

Escapade allemande : Chapitre X- Partie 3

Le 18 arriva enfin. Une journée fraîche et ensoleillée.

 

Je gagnai l’aéroport, présentai documents et passeports aux hôtesses et me retrouvai dans la salle d’embarquement, prête à me jeter en connaissance de cause dans la gueule du loup.

 Le reste du voyage fut un peu confus partagé entre sourires aux autres passagers, collations, assoupissements, attente et ennui.

 

J’atterrissais  enfin à Francfort et me dirigeai dans un hall éclairé et surpeuplé, soucieuse d’apercevoir les cheveux blonds d’Alexander.

 

Personne en vue.

C’était bien ma chance. Je patientais nerveuse et inquiète, le regard rivé à la pendule.

 

Une main possessive m’agrippa la taille et je me retournai en colère, prête à risposter.  Tout contre moi se tenait le cousin d’Antoine, sourire enjôleur, en jean et pull cachemire bleu acier.

 Il se pencha sur moi, attrapa doucement mon menton et posa un baiser brûlant sur mes lèvres.

Je ne me défendis pas et lui rendis son baiser, scellant ainsi mon destin.

 

J’avais envie d’Alexander et je me collais à son corps de guerrier scandinave. Je sentais son érection grandir et nous allions bientôt atteindre les limites de la bienséance dans un lieu public.

Il s’arracha enfin de ma bouche, reprenant ses esprits et tout en m’enlaçant étroitement, me conduisit à l’extérieur où était garée sa voiture.

 

« Prends place, Clara » dit-il en refermant la portière « Tu m’as bougrement manqué, toi et ta fraîcheur provinciale.

 

J’ai bien entendu eu bon nombre de relations aussi diverses qu’agréables avec des femmes du monde depuis notre dernière entrevue. Mais j’ai toujours eu un petit pincement en pensant à toi depuis que tu t’es enfuie de La Brède.

Comme tu n’as pas jugé bon me faire part de ton sauvetage ou de me signifier que tu étais encore en vie…

 

J’ai été puni comme prévu pour mon insoumission mais ça, tu dois le savoir déjà. Ton amant magnifique a du t’en informer et te le faire payer, toi aussi.

 

Il a refusé d’en parler et chaque mention de ton prénom le plonge dans des affres de tourment. Son regard s’obscurcit et ses mâchoires se serrent. Il change aussitôt de sujet car tu l’as ensorcelé. Il se refuse à l’admettre mais il est très amoureux et cela le rend très instable.

 

Je peux aisément le comprendre ! Antoine va donc déployer des trésors d’inventivité pour se débarrasser de toi car jamais il n’admettra avoir besoin de toi. Tu peux le combler, l’aimer pour deux, il ne pourra pas vivre une relation de couple normale avec soirée télé, enfants, break, etc.…

 

Si tu cherches à le remplacer ou à le rendre jaloux, je me porte volontaire. Je ne te promets pas la fidélité et l’exclusivité mais nous pourrions passer un bon moment ensemble » conclut-il filant dans la  nuit naissante.

 

Je lui souris, heureuse de l’entendre exprimer clairement ses sentiments, me proposant à son tour de devenir sa partenaire en toute clarté.

 

Un panneau d’autoroute annonçait l’arrivée imminente à Bad Neustadt an der Saale, bourgade bavaroise endormie et bourgeoise. Nous dépassâmes la ville pour nous retrouver face à un château ravissant, digne de figurer dans des illustrations de contes de fées, élément de décor des vitrines de Noël où valsent patineurs et skieurs.

 

Des camionnettes de traiteur entraient et sortaient. Des invités venus de loin, arrivés depuis peu, faisaient le tour de la propriété, accompagnés par le propriétaire des lieux.

 

Je descendis de voiture soudain intimidée et craintive. J’avais tant espéré cet instant et je tremblais à présent de me retrouver face à Antoine.

 

Alexander en parfait gentleman évita tout contact physique et m’indiqua le chemin en me précédant.

Nous montâmes quelques marches et il me fit entrer dans une chambre spacieuse aux accents médiévaux. La double fenêtre à petits carreaux en retrait de la pièce était soulignée par d’épais rinceaux, chimères, feuillages et des cartouches peints à la grisaille dans la grande tradition des fresques en trompe-l’œil  de l’époque.

 

chambrebadneustadt

 J’étais ravie et je ne pouvais cacher le plaisir de coucher ici pour la nuit.

 

Je remerciai à mi-voix Alexander qui m’observait légèrement amusé.

 

« Je te laisse te préparer Clara ! Je viens te rechercher dans une heure. Je vais de ce pas avertir Antoine de ton arrivée. Peut-être voudra-t-il te saluer avant le début de la fête ? ».

 

J’ouvrai alors ma valise sortant mon piètre déguisement. Je pris une douche rapide et enfilai de la lingerie en dentelle ivoire.

 

Puis j’enfilai mon costume qui consistait en une grande chemise blanche entrouverte,  largement ceinturée, un chapeau à larges bords piqué d’une belle plume touffue, d’un corsaire noir. J’avais poussé le raffinement jusqu’à me fabriquer un collier de crânes d’oiseaux que j’avais enfilé sur le ruban de soie et j’accrochais une fausse souris à mon ceinturon petit clin d’œil  à la gravure de Gustave Doré.

Lechatbotte1

Le clou de mon travestissement était une paire de bottes masculines de cuir bordeaux dentelées que j’avais dénichées sur Internet, chez un particulier amateur de costumes d’époque. J’avais l’allure d’une mercenaire farouche et je me demandais si Antoine allait apprécier.

 

On frappa à la porte discrètement. Je me ruai sur la poignée retenant mon souffle et j’ouvrai en grand.

 

Antoine se tenait dans le couloir, les mains dans les poches, dans l’expectative, l’air vaguement coupable.

 

Le revoir sur le pas de la porte, m’interrogeant du regard m’enflamma. Sans réfléchir davantage, je me pendais à son cou, l’étouffant par mon étreinte maladroite.

 

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Commentaires
K
Et c'est reparti pour de nouvelles aventures ... Que de liens avec les contes, intéressant.<br /> <br /> Bravo pour les détails (géographiques, architecturaux, vestimentaires), une belle documentation et imagination. Cela m'épate et force le respect.
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F
C'était pas prévu pour lundi la lecture ???<br /> <br /> Bises...
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E
Comme tu le vois, à l'instar du chaperon qui ne peut s'empêcher d'aller vers le grand méchant loup, je n'ai pu résister au plaisir de la lecture.<br /> <br /> Ce chapitre nous permet de reprendre notre souffle en brouillant légèrement les cartes avant cette fête germanique qui sera probablement très dense en émotions !
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