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Faunes & Flore
2 janvier 2013

Le loup écrit à Clara: Chapitre II- Partie 1

Ivo, Peach blow, Pandora, Pompadour
Pale leaf, Pink sweet, Persephone, we all adore Ivo
Ivo Ivo, bit animal, Ivo Ivo
We all adore Ivo Ivo Ivo
With the part animal, Peep peep, we all adore Ivo
We all adore Ivo, Bit animal, Ivo Ivo
We all adore Ivo
Ivo Ivo
With the part animal

Ivo-Cocteau twins

 

Margaret Ely webb,1903

Je ne sais plus trop comment j’ai pu rassembler mes dernières forces pour tenter de faire bonne figure avec Virginie. J’ai ri, parlé, raconté des broutilles dans un état second, masquant avec succès un trouble inquiétant.

Comme un zombie désespéré, j’avais repris le tramway, avais regagné mon domicile avant de m’effondrer sur le lit, exténuée et frustrée.

 

Je repassais en boucle les brefs instants où cet homme  m’avait parlé avec une froideur calculée, une distance irritante. Il m’avait parlé de messagerie mais comment pouvait-il m’écrire quoique ce fût sans même connaître mon nom et surtout mon adresse mail ?

Etouffant mes sanglots, une migraine naissante, je me résolvais à allumer l’ordinateur redoutant une bien cruelle désillusion. Je cherchai fébrilement l’icône du fournisseur d’accès dans mes favoris et attendis le chargement de la page.

En apnée, je scrutai mon écran à la recherche de nouveaux courriels. Mais rien de probant! Aucun message !  Il fallait bien s’y attendre.

Comme j’avais pu être naïve, limite fleur bleue et me laisser ainsi abuser, croire que cet homme pourrait deviner mon identité d’un coup de baguette magique ou d’un claquement de doigt.

Mes derniers espoirs étaient réduits à néant. Jamais plus je ne le reverrai et il allait falloir réapprendre à vivre normalement avec un sentiment de vaste gâchis.

 

Je me dirigeai péniblement vers ma petite cuisine pour me préparer une soupe légère et pleurer niaisement au-dessus de ma casserole. Je devais me remettre au travail, m’abîmer passionnément dans une autre activité. Reprendre le cours normal de ma vie tout simplement.

Je revins vers mon ordinateur avec mon bol fumant, rassérénée par sa douce chaleur. L’écran de veille était activé ; des photos de ma jeunesse insouciante, des vestiges d’étés joyeux, d’anniversaires, de Noëls traditionnels  en famille, de soirées entre amis voletaient lascivement.

 

Je me rassis à ma table et jetai un œil distrait à la boîte mail.

Un chiffre 1 brillait lové dans son carré bleu accroché à une enveloppe virtuelle et la petite main du curseur y pointait un index péremptoire.

Retenant ma respiration, je cliquais. La boîte de réception s’afficha enfin avec le message d’un expéditeur inconnu.

 

Un certain Antoine Manfred avec une case objet non renseignée.

 

J’hésitai d’abord  à ouvrir ce message [pensant ] à le supprimer pour rejoindre tous les mails publicitaires et les offres alléchantes d’inconnus qui polluaient irrémédiablement votre ordinateur ou l’infectaient de virus malins.

C’était un risque à prendre et je le pris.

 Valeureusement je cliquai sur le bouton «  Lire le message »

 

« Lumineuse Clara,

Au moment où vous prendrez connaissance de ce mail, je serais déjà loin de Bordeaux, appelé par des obligations professionnelles.

 

Tout d’abord, je me dois de satisfaire votre curiosité.

Vous m’avez aperçu cette après-midi au café de l’Opéra. Je sais pertinemment que m’avez remarqué puisque je peux affirmer sans trop de prétention que je ne vous suis pas indifférent.

Vos petits regards de biais, votre teint de coquelicot ont flatté mon orgueil de mâle dominant. Je vous ai laissé vous débattre avec vos sentiments contradictoires, vous regardant perdre pied avec délice.

 

Mais je vous vois froncer vos délicats sourcils et vous demander comment cet homme arrogant et imbu de sa personne peut bien vous écrire chez vous, dans le secret de votre appartement. Vous prenez peur et vous vous interrogez.

 

J’ai outrepassé mes droits et ai versé dans l’illégalité pour vous rencontrer de façon informelle.

 

J’ai pour habitude de consulter voire de pister tout nouveau visiteur de mon blog.

Créateur d’événements à la carte pour une clientèle aisée et exigeante, je suis toujours à l’affût de  débouchés éventuels pour faire fructifier mon affaire.

 

J’ai donc en toute conscience acquis auprès d’un ami informaticien un logiciel pirate capable de traquer les adresses IP de tout visiteur, un logiciel capable de décrypter les données cachées, de me livrer identités et adresses mail.

 

Je peux aussi ,en voyeur avisé ,accéder à l’ensemble des fichiers stockés sur les disques durs, posséder les codes d’accès aux comptes des réseaux sociaux et violer en toute impunité la vie intime de mes clients.

 

J’ai bien conscience que je prends là un risque  immense en vous dévoilant un pan de mes activités bien peu recommandables et j’ose espérer que ces informations resteront confidentielles.

Je sais toutefois que je peux compter sur votre discrétion.

 

Ayant pris connaissance de votre connexion sur ce fameux blog aujourd’hui après une recherche anodine sur les « contes de fées détournés pour adultes », ma curiosité a été immédiatement éveillée.

 

Pareille requête requiert une certaine maîtrise de la langue française, un raffinement pervers que ne possède pas la plupart des internautes.

 

J’ai bien évidemment aussitôt débuté mes recherches, ai fouillé avidement les  entrailles de votre intimité informatique, découvert votre sujet d’étude, lu votre travail qui ne manque pas de qualités d’analyse et littéraires. Je me suis délecté de votre image, ai profané vos souvenirs d’enfance et vous ai vu grandir au fil des fichiers.

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Commentaires
K
Quel plan diabolique ! Un brin dangereux voire tordu (car effectivement si tout ceci est possible informatiquement, c'est effrayant) ... mais excitant quand même ;-) .. Vite, la suite ...
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F
Ouuuuuuuf, ça passe! Je me suis torturée la cervelle pour trouver une parade pas trop irréelle. Demande l'air de rien sous couvert de protection d'anonymat des usagers lambdas à des informaticiens chevronnés... S'ils savaient !!!!
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E
J'ai donc la réponse à ma question précédente... Comme quoi, le lecteur que je suis a suivi le questionnement que vous aviez préparé pour lui ! :)
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